Lettre d'opinion du RSIQ
Des engagements pour nos concitoyens.es en situation d’itinérance
À la veille du Sommet municipal sur l’itinérance organisé par l’Union des municipalités du Québec (UMQ), rappelons-nous l’importance de mettre au cœur de nos réflexions les personnes dont il est question : nos concitoyen.ne.s en situation d’itinérance ou à risque de l’être. Sachant que le phénomène de l’itinérance est complexe et que des milliers de personnes, de tous âges et parcours, font face à des conditions de vie inacceptables au Québec, nous avons le devoir d’agir sur tous les fronts, mais surtout de le faire ensemble.
Dans la foulée de l’augmentation de l’itinérance sur tout le territoire du Québec, nous saluons que l’UMQ mette en place des efforts pour concerter les différentes municipalités autour de la volonté d’agir sur le phénomène de l’itinérance. Selon l’UMQ, le sommet se veut une occasion de « proposer des solutions novatrices, et surtout, de se mettre collectivement en mode résultats pour répondre aux enjeux de l’itinérance ». L’évènement permettra de réunir des parties prenantes qui disposent de différents outils et leviers d’action : en matière de logement (transitoire, permanent, avec soutien communautaire, PSL), de processus d’accès aux services de santé et aux services sociaux, d’occupation d’espace public, de gestion de la crise des surdoses, de prévention, de lutte au profilage social par la modification des règlements municipaux, etc. Nous nous attendons que toutes les parties prenantes s’engagent à améliorer les conditions de vie des personnes à risque ou en situation d’itinérance. En ce sens, voici deux autres engagements incontournables qui nous permettraient de qualifier ce sommet de réussite.
L’augmentation de l’itinérance dans plusieurs villes au Québec a forcé les municipalités à augmenter le déploiement d’actions pour supporter leurs concitoyens.nes les plus vulnérables, donc à davantage s’intéresser au phénomène de l’itinérance. C’est pourquoi, pour l’avenir, nous désirons qu’elles s’engagent à inscrire leurs actions en cohérence avec la politique nationale de lutte à l’itinérance. Cette politique a permis de dégager des consensus dans la province sur la définition de l’itinérance qui inclus la notion d’instabilité résidentielle et de désaffiliation sociale, la reconnaissance du pouvoir d’agir des personnes en situation d’itinérance, la responsabilité collective d’agir sur l’itinérance, le respect du rôle prépondérant et l’expertise du milieu communautaire en itinérance, ainsi que l’importance que nos actions respectent le droit des personnes qu’elles visent. L’approche globale mise de l’avant dans la politique est très chère au milieu communautaire. Celle-ci vise à comprendre la personne dans les multiples dimensions de sa vie : ses identités, son histoire, ses conditions de vie, ses besoins, ses relations, ses liens sociaux, ses capacités, ses ressources et ce, dans une vision globale. C’est-à-dire, prendre en compte les causes sociales, économiques, culturelles et politiques du phénomène de l’itinérance lorsque vient le temps d’agir. L’heure n’est donc pas à remettre en doute ces consensus mais bien que les municipalités s’engagent envers ceux-ci. C’est l’occasion pour elles d’affirmer, qu’elles utiliseront les pouvoirs qu’elles ont afin d’agir sur l’aménagement du territoire, les règlements municipaux, l’augmentation de l’offre de logement et de contrer le pas dans ma cour. Quatre éléments qui contribuent à la crise que nous vivons actuellement.
En deuxième temps, nous savons que le gouvernement à en main tous les arguments pour en faire davantage et augmenter massivement le financement associé à la prévention et la réduction de l’itinérance. Il est au fait des états de situation critiques dans plusieurs villes du Québec, de l’explosion du nombre et de la taille des campements dans toute la province, de l’allongement des listes d’attentes des groupes communautaires et du réseau de la santé et des services sociaux, de l’augmentation de la détresse vécue par les personnes en situation d’itinérance, des données issues du dénombrement de 2022 et des états de situation produits par les CIUSSS et CISSS sur l’ensemble du territoire. C’est pourquoi, nous jugeons essentiel que le gouvernement profite du sommet pour faire une annonce visant à bonifier de façon substantielle les moyens financiers pour la prévention et la réduction de l’itinérance au Québec. Cette bonification doit provenir du porte feuilles de la santé et des services sociaux, mais aussi des affaires municipales et de l’habitation, de l’éducation, de l’économie et de l’innovation, de l’emploi et de la solidarité, de l’immigration, de la sécurité publique et de la justice. Nous pourrons, dès lors, affirmer que le gouvernement respecte son engagement envers la politique nationale de lutte à l’itinérance en faisant de cette lutte une responsabilité collective.
Nous souhaitons que le fil conducteur des discussions lors du sommet soit de faire une réelle différence pour les personnes qui vivent actuellement dans des conditions de vie inacceptables et nous sommes convaincus, que cela passera notamment, par les engagements nommés précédemment. En 2023, cessons de tolérer l’intolérable, nous avons la responsabilité d’unir nos forces et de viser un réel changement social.
Boromir Vallée Dore
Directeur général Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec